La Mezquita de Cordoue, avec sa forêt de colonnes, ses arches doubles, ses ornements de style maure, alternant austérité et foisonnement, son jardin d’orangers et son système de climatisation, est un monument d’architecture où toute la science et l’art maures ont apporté leur meilleur, au service d’un message spirituel.

Détail d'une porte de la Mezquita de Cordoue

Construite un siècle après l’Hégire, agrandie plusieurs fois pour accueillir un nombre toujours croissant de fidèles, la Mezquita, ou Grande Mosquée, de Cordoue est restée l’un des phares de la spiritualité musulmane huit siècles durant.

Contrairement à tant d’autres chefs d’oeuvre de l’architecture andalouse, la Mezquita ne fut pas détruite au cours de la Reconquista : on transforma la mosquée en cathédrale, par la construction d’un édifice au centre même de la salle de prière.

Aujourd’hui, on peut regretter que cet ajout (dont les poids mal répartis mettent en danger la légère structure initiale) nuise à la perception de cet espace unique, tel qu’il s’élevait après le dernier agrandissement d’Al-Mansour, à la fin du Xe siècle. Mais aujourd’hui ce lieu magique est toujours debout, et ouvert à tous, de toutes confessions.

Il faut imaginer cette forêt de plus de mille colonnes, éclairée par ses portes, ses moucharabieh, les arches de ses coupoles et une multitude de lampes à huile. Aucune représentation humaine ou divine ne vient troubler cet équilibre. Cet espace nous inspire que Dieu ne doit pas être cherché en haut ou même ailleurs, mais au fond de soi.

Dans le Jardin des orangers, autrefois planté de palmiers et d’oliviers, pavé de galets, il y a la fontaine aux ablutions, et un ingénieux système d’irrigation qui permet en outre, grâce à une pente douce, de climatiser la salle de prière. Ce jardin est un prototype : c’est à imiter ce modèle, sage, respectueux de la terre et de ce qu’elle porte, que l’être humain doit s’appliquer.

Un dernier regard sur les murs extérieurs, des murs de forteresse rythmés par les portes aux décors envoûtants.

Ai-je rêvé, ou ai-je vraiment entendu, chuchoté, l’écho de la profession de foi, tant de fois répétée dans cette mosquée, il y a si longtemps? La illâh ill’Allâh…