(Jupiter dans la terminologie latine)

Zeus, maître de l’Olympe, est la divinité principale du panthéon grec. Frère de Poséidon, dieu des mers, et d’Hadès, dieu des enfers, il règne sur le ciel et la terre, accompagné par son épouse et soeur Héra, il est père de plusieurs divinités, dont plusieurs de premier plan, ainsi que de nombreux mortels, issus de ses nombreuses aventures extra-conjugales. Mais il est aussi :
…le grand Zeus, qui leur accorde à son gré la honte ou la gloire, les élève aisément ou aisément les renverse, affaiblit le puissant et fortifie le faible, corrige le méchant et humilie le superbe, Zeus qui tonne dans les cieux et réside sur les plus hauts sommets de l’Olympe. Dieu puissant qui entends et vois tout, écoute : dirige vers l’équité les jugements des mortels. (Hésiode, Théogonie)

La naissance de Zeus

Corne d'abondance

Motif traditionnel de corne d’abondance, réputée porter bonheur et prospérité.

Lorsqu’elle sentit les douleurs de l’enfantement de son troisième fils, Rhéa alla demander conseil à sa mère Gaïa la terre et à son père Ouranos le ciel, afin que l’enfant qu’elle portait pût être épargné par Cronos. Selon le vieux poète Hésiode, c’est dans la ville crétoise de Lyctos que Gaïa qui lui conseilla d’accoucher, puis de déposer l’enfant dans une caverne, située près du sommet du mont Égée. Mais, pour le pseudo-Apollodore, c’est dans une caverne du mont Dicté (toujours en Crète), qu’elle accoucha accoucha de Zeus, pendant que les Dactyles (aussi appelé Curètes) frappaient de leurs lances sur leurs boucliers, afin que Cronos n’entendît pas les vagissements du nouveau-né.

Les Dactyles, ou Curètes, sont des divinités archaïques mal connues. Ils tiendraient leur nom du fait que Rhéa, dans les douleurs, aurait enfoncé ses doigts dans la terre et que de ces marques seraient nés les Dactyles (qui veut dire "doigts"), 5 hommes pour la main droite et 5 femmes pour la gauche . Les hommes découvrirent le fer et devinrent forgerons (c’est ainsi qu’ils purent, sur leurs armes de fer, produire le bruit qui devait tromper Cronos). Tandis que les femmes initièrent Orphée aux Mystères de la déesse. Pour d’autres, ils seraient nés de nymphe Anchialé.

Puis Rhéa confia aux deux filles de Mélissé, qui se nommaient Adraste et Ida, tandis qu’elle donna à Cronos une pierre emmaillotée de langes en place de son fils. Cronos prit la pierre et l’avala.

Ce fut la chèvre Amalthée qui nourrit Zeus de son lait. Lorsqu’elle mourut, Zeus en fit la constellation du Capricorne mais, avant, il lui arracha une corne, qui devint la Corne d’abondance dans laquelle on trouve en permanence des victuailles qui ne s’épuisent jamais.

La victoire de Zeus

Parvenu à l’âge d’homme, Zeus se rapprocha de Métis. Métis est aussi un mot grec qui signifie prudence. Selon certains, elle était une Titanide et soeur de Cronos et de Rhéa. Mais, dans la plupart des légendes, elle était fille d’Océanos. Quoiqu’il en soit, en digne future mère de la future Athéna, déesse de la sagesse, elle prépara une puissante drogue émétique qu’elle donna à boire à Cronos. Aussitôt, Cronos vomit, d’abord la pierre, puis tous les enfants qu’il avait avalés.

Zeus attacha cette pierre "dans la terre spacieuse, sur la divine Pytho, au milieu des gorges profondes du Parnasse, afin qu’elle devînt dans l’avenir un monument et une merveille pour les hommes." (Hésiode, Théogonie).

Localisation des monts Othrys et Olympe sur une carte de Grèce

Localisation, sur la carte de la Grèce, des monts Othrys, siège des Titans, et Olympe, siège de Zeus et de ses alliés. Entre les deux, le champ de bataille.

Zeus, avec ses frères, entreprit une guerre contre Cronos et ses frères les Titans, les premiers depuis le mont Olympe, les seconds depuis l’Othrys, et la grande plaine thessalienne était leur champ de bataille. Ils combattaient déjà depuis 10 ans, sans que la victoire revînt à l’un ou à l’autre camps, lorsque Zeus alla consulter l’oracle de Gaïa. Elle, qui avait aidé sa mère Rhéa à le protéger de son propre père, lui donna le conseil suivant : Zeus ne pourrait emporter la victoire qu’avec l’aide de ceux que Cronos avait enchaînés au Tartare.

Zeus, alors, rejoignit le lieu terrible où Cronos reléguait ceux qui s’opposaient à lui. Il était gardé par la vieille Campé, dont on ne sait d’où elle vient ni comment elle est arrivée là. Zeus tua Campé et libéra les géants aux cents bras et les 3 Cyclopes. Ceux-ci, en signe de gratitude, donnèrent aux trois dieux des cadeaux extraordinaires : à Zeus, ils donnèrent le tonnerre, les éclairs et la foudre; à Hadès, il donnèrent un casque qui rend invisible et à Poséidon, un trident qui, depuis, ne le quitte jamais.

Ainsi équipés, ils vainquirent aisément les Titans : délesté de ses armes par Hadès rendu invisible, Cronos, sous la menace du trident de Poséidon, fut poussé à la portée de la foudre de Zeus. Puis, les Géants aux cent bras lancèrent d’énormes pierres sur les autres Titans. Ils furent tous relégués au Tartare, sous la garde des géants Hécatonchires (géants aux cent bras).

Ainsi, les trois fils de Cronos prirent le pouvoir. À Hadès revint tout ce qui était sous la terre, le sombre royaume des morts. À Poséidon, le royaume des mers. Et à Zeus, le ciel. Il gouverna le monde des hauteurs du mont Olympe.

Mais ce pouvoir fut bientôt menacé par Gaïa elle-même, qui s’unit au Tartare et enfant le plus terrible de tous les géants, Typhon ou Typhée. Celui-là, Zeus le vainquit seul, avec l’arme que lui avaient forgée les Cyclopes, la foudre. Alors que tout tremblait d’effroi sur terre, dans le ciel, sur l’Olympe comme dans le Tartare à la vue du terrible monstre ou au son des coups de tonnerre lancés par Zeus :

« Sous leurs pas la terre a gémi : de même gronde la foudre de Zeus irrité, lorsqu’il dirige ses traits contre Typhée dans les rochers d’Arime, où sont placées, dit-on, les vastes demeures de Typhée ; ainsi gémit la terre sous les pieds des combattants qui s’avancent et se hâtent de traverser la plaine. » Homère, l’Illiade, Chant II

Laissons parler Hésiode :

Sans doute le jour de la naissance de Typhée aurait été témoin d’un malheur inévitable ; il aurait usurpé l’empire sur les hommes et sur les dieux si leur père souverain n’eût tout à coup deviné ses projets. Zeus lança avec force son rapide tonnerre qui fit retentir horriblement toute la terre, le ciel élevé, la mer, les flots de l’océan et les abîmes les plus profonds. Quand le roi des dieux se leva, le grand Olympe chancela sous ses pieds immortels ; et la terre gémit. La sombre mer fut envahie à la fois par le tonnerre et par la foudre, par le feu que vomissait le monstre, par les tourbillons des vents enflammés et par les éclairs au loin resplendissants. Partout bouillonnaient la terre, le ciel et la mer ; sous le choc des célestes rivaux, les vastes flots se brisaient contre leurs rivages ; un irrésistible ébranlement secouait l’univers. Le dieu qui règne sur les morts des enfers, Hadès s’épouvanta, et les Titans, renfermés dans le Tartare autour de Cronos, frissonnèrent en écoutant ce bruit interminable et ce terrible combat. Enfin Zeus, rassemblant ses forces, s’arma de sa foudre, de ses éclairs et de son tonnerre étincelant, s’élança du haut de l’Olympe sur Typhon, le frappa et réduisit en poudre les énormes têtes de ce monstre effrayant qui, vaincu par ses coups redoublés, tomba mutilé, et dans sa chute fit retentir la terre immense. La flamme s’échappait du corps de ce géant foudroyé dans les gorges d’un mont escarpé et couvert d’épaisses forêts. La vaste terre brûlait partout enveloppée d’une immense vapeur ; elle se consumait, comme l’étain échauffé par les soins des jeunes forgerons dans une fournaise à la large ouverture, ou comme le fer, le plus solide des métaux, dompté par le feu dévorant dans les profondeurs d’une montagne, lorsque Héphaïstos, sur la terre sacrée, le travaille de ses habiles mains : ainsi la terre fondait, embrasée par la flamme étincelante. Zeus plongea avec douleur Typhon dans le vaste Tartare.

La Gigantomachie

Des légendes plus tardives font état d’une autre bataille, qui eut lieu entre victoire sur les Titans et celle sur le géant Typhon : c’est la bataille que livrèrent les dieux olympiens (et d’ailleurs, selon Diodore de Sicile, ont droit à l’honneur d’être nommées "olympiennes" les divinités qui ont participé à cette lutte) aux géants nés de la Terre-mère Gaïa et du sang d’Ouranos après sa castration. On appelle cette bataille la "gigantomachie" : elle a inspiré à la fois artistes et poètes. Elle est le principal sujet des bas-reliefs du fameux grand autel de Pergame (période hellénistique), exposé au Pergamonmuseum de Berlin.

La plus ancienne mention substantielle de cette bataille figure dans la Bibliothèque d’Apollodore, au chapitre 6 :

Après ces victoires, Zeus et ses frères se partagèrent le pouvoir, ainsi que le décrit Hésiode :

Quand les bienheureux immortels, après avoir courageusement combattu pour l’empire contre les Titans, eurent terminé cette guerre pénible ; ils engagèrent, d’après les conseils de Gaïa-la-terre, Zeus Olympien à la large vue, à saisir le pouvoir et à commander aux dieux. Jupiter leur distribua les honneurs avec équité.

Zeus dans l’Iliade

Zeus et Thétis, par Ingres

Zeus et Thétis par Ingres : inspiré de l’Iliade, ce tableau montre Thétis demandant à Zeus d’honorer son fils Achille.

Dans l’un plus vieux textes, l’Iliade, Homère nous dresse un portrait saisissant de Zeus : maître des dieux et des hommes, il règne du sommet enneigé du mont Olympe, entouré de nombreuses autres divinités. Pourtant, même si tous, hommes et dieux, le craignent et doivent, parfois contre leur volonté, accepter ses décisions, il n’est pas le maître absolu de l’univers, mais le gardien d’un ordre qu’il a contribué à établir en chassant du pouvoir les Titans, symboles d’une force brutale et sans tabous. Zeus respecte notamment les Moires (ou Parques selon la terminologie latine) qui fixent la durée de la vie de chacun, la Justice, la parole donnée (bien qu’il soit plutôt du côté des Troyens, il donnera la victoire aux Grecs à l’issue de la guerre de Troie, comme il l’avait promis à son épouse Héra).

Autre description saisissante tirée de l’Iliade, celui de son union plutôt orageuse avec Héra, sa soeur. Homère nous la décrit comme une déesse acariâtre, insatisfaite, revendicatrice. Si Zeus lui promet la ruine de Troie (Aphrodite avait été jugée plus belle que Héra et qu’Athéna par le prince troyen Pâris, et celles-ci avaient juré vengeance), c’est, semble-t-il, par lassitude face à ses récriminations incessantes.

Deux épisodes, brièvement contés dans l’Iliade, font état de cette union orageuse.

Un jour, Héra, Poséidon, Athéna, et sans doute d’autres divinités, voulurent enchaîner Zeus. Ce fut Thétis, mère d’Achille, qui le sauva : elle partit chercher Briarée, le géant aux cents bras. Il s’assit près de Zeus, et les autres dieux de l’Olympe en eurent peur, si bien qu’ils renoncèrent à leur projet.

C’est peut-être à la suite de ce complot que Zeus suspendit Héra "dans l’éther et les nuages", par une chaîne d’or, et des enclumes étaient attachées à ses pieds. Mais aucun dieu n’osa libérer Héra, sous peine d’être jeté par Zeus sur la terre du haut de l’Olympe.

Les épouses, les amantes et les enfants de Zeus

La première épouse de Zeus fut Métis, dont le nom signifie « Prudence ». Selon certains, elle était une Titanide, selon d’autres, une Océanide, fille d’Océanos et de Téthys. Quoi qu’il en fût, elle était « la plus sage de toutes les filles des dieux et des hommes », selon Hésiode, et donna à Zeus son premier enfant, la déesse de la Sagesse, Athéna. Le récit de la naissance d’Athéna, tiré de la Théogonie d’Hésiode, mérite d’être cité :

Mais lorsque Métis fut sur le point d’accoucher d’Athéna déesse aux yeux bleus, Jupiter, l’abusant par de flatteuses paroles, la renferma dans ses propres flancs, selon les conseils de Gaïa et d’Ouranos couronné d’étoiles, qui voulaient empêcher qu’au lieu de Zeus, un autre des dieux immortels s’emparât de l’autorité souveraine ; car, suivant l’arrêt du Destin, Métis devait lui donner des enfants fameux par leur sagesse : d’abord la vierge aux yeux bleus, Athéna Tritogénie, égale à son père en force et en prudence, puis un fils qui, rempli d’un superbe courage, deviendrait le roi des dieux et des mortels. Zeus prévint un tel malheur en cachant Métis dans ses flancs, afin que cette déesse lui procurât la connaissance du bien et du mal.

La seconde épouse de Zeus fut Thémis, « justice », une titanide, qui lui donna les Saisons et les Moires.

Eurynomé, fille d’Océanos, fut sa troisième épouse et enfanta de lui les trois Grâces « aux belles joues, Aglaia, Euphrosyne et l’aimable Thalie. L’amour, qui amollit les âmes, semble émaner de leurs paupières, et leurs yeux ont des regards pleins de charmes. »

Déméter fut la quatrième épouse de Zeus. Elle était également sa soeur, née après Hestia et avant Héra. Elle lui donna Perséphoné « aux bras d’albâtre », qui devint l’épouse du dieu des enfers Hadès. La triste histoire de l’enlèvement de Perséphoné par Hadès est racontés dans l’Hymne homérique à Déméter.

De la Titanide Mnémosyne, « mémoire », sa cinquième épouse, Zeus eut les 9 muses « aux bandelettes d’or, les Muses sensibles aux plaisirs des festins et aux douceurs du chant ».

Ensuite, Zeus s’unit à Létô, issue de la descendance de Titans, et en eut Apollon et Artémis.

La dernière épouse « officielle » de Zeus fut sa soeur Héra. Selon Hésiode, Zeus et Héra eurent trois enfants, Hébé, Arès le dieu de la guerre et Ilithye, qui préside aux accouchements. Hébé était l’échanson des dieux, avant que Zeus n’enlève le beau Ganymède qui prit sa place. Hébé épousa Héraclès quand celui-ci devint immortel.

Ce sont là les unions citées par Hésiode dans sa Théogonie, unions desquelles naquirent des être immortels. Selon Homère, Aphrodite aussi serait la fille de Zeus, qu’il aurait eue de son union avec Dioné, une Océanide selon Hésiode, une fille d’Atlas, et donc appartenant à la famille des Titans, selon Hygin. Mais Hésiode comme Homère s’accordent à placer Dioné à la cour de Zeus, dans son palais du mont Olympe.

Il eut encore de nombreuses liaisons, avec des divinités secondaires et de mortelles. Parmi les enfants qu’il eut de ses infidélités d’avec Héra, seul trois d’entre eux furent ou devinrent des immortels :

– Hermès, qu’il eut de la fille d’Atlas Maïa,

– Dionysos, fils de Sémélé, une mortelle, fille du roi Cadmos et de la déesse Harmonie, fille elle-même d’Arès et d’Aphrodite,

– Héraclès, que Zeus eut de ses amours avec Alcmène, naquit mortel mais acquit l’immortalité par ses glorieux faits d’armes.

Parmi les histoires des amours de Zeus avec nymphes et mortelles, les plus célèbres d’entre elles sont celles d’Io, d’Europe, de Léda et de Danaé.